Honfibu

(chagrin patriotique)

18 dessins à la plume et l’encre noire

papier Canson 160gr

21×30 cm

2021


C’est un simple hasard qui m’a amené à poser le pied sur le sol hongrois la veille du Forradalom ünnepe, fête nationale non-officielle qui commémore l’insurrection de Budapest chaque année le 23 octobre .
En commençant mes recherches dans la ville, j’ai été rapidement entourée d’une foule compacte brandissant des drapeaux se dirigeant vers la place des héros. Un détail m’a rapidement sauté aux yeux : A bon nombre d’étendards , il manquait quelque chose. Un trou béant défigurait l’emblème national en son centre.
M’interrogeant sur cette forme manquante, j’ai rapidement pris conscience de quoi il s’agissait : Lors de l’insurrection de Budapest (Du 23 octobre au 10 novembre 1956), les manifestants ont volontairement découpé les armoiries communistes du drapeau national, faisant ainsi de cet étendard le symbole silencieux d’un soulèvement populaire contre le régime en place.

J’ai voulu y consacrer une recherche dessinée. Je me suis alors penchée sur les archives photographiques de la ville de Budapest et y ai cherché cette forme manquante ou plus précisément ce qu’on a voulu soustraire symboliquement du drapeau : Le poids trop grand d’un régime autoritaire et son adoration déraisonnée. Ces nombreuses images, en noir et blanc, de la période soviétique offrent au spectateur des drapeaux flottants lors de cérémonies officielles, de manifestations, de défilés etc. des drapeaux rouges comme des hongrois. Le manque de couleur des archives et les scènes qui y sont montrées confondent les différents étendards et les occulte pour créer des masses drapées presque uniformes.

*Ce travail est une partie d’un projet mené autour de l’ex-URSS : Née en 1988, je fais partie de la première génération à ne pas connaître une Europe et un monde divisé en deux. J’ai pu traverser les frontières de ces pays autrefois interdits sans encombres contrairement à mes parents et mes grand-parents. Dans ce projet à long terme, amorcé en 2018, je cherche a fouler le sol des lieux qui ont permis la réunification du continent, des endroits où la population s’est soulevée contre le régime communiste en place et grâce auxquels je peux aujourd’hui m’y déplacer librement. Alors que le spectre de l’empire soviétique plane encore à l’Est, que reste-t-il de cette période historique tombée il y a plus de trente ans ?

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